1945 – Les Aides Familiales
ASSOCIATION POPULAIRE DE L’AIDE FAMILIALE
QUARTIER HAUSSONVILLE
Compte-rendu fait par une habitante du quartier en 1978 – Rappel Historique
En 1945, le Mouvement Populaire des familles crée le service de l’aide familiale, face aux situations auxquelles les mères de famille étaient confrontées, Rationnement dû à la guerre avec comme conséquences :
- Queue interminable pour obtenir :
Les tickets de rationnement à la Mairie.
Les tickets d’alimentation.
Bons de vêtements.
Bons de chaussures etc….
- Queue devant :
l’épicerie pour quelques carottes.
La boucherie
A Prisunic St Jean pour une savonnette etc….
Résultat, beaucoup de fatigue et d’énervement.
Les foyers aisés pouvaient s’assurer le concours d’une femme de ménage.
Les familles du milieu Populaire devaient tout assumer.
Face à toutes ses difficultés matérielles et morales, les militants réfléchissent. L’Aide aux mères existait déjà, mais venait en aide à toutes les mères venant d’accoucher où malades, elle répondait à tous les milieux sociaux.
Pour le Mouvement Populaire des familles un objectif et une originalité.
« Prévenir vaut mieux que guérir ».
Il fallait aider d’une manière régulière les familles du milieu Populaire dans leur ménage, repassage, raccommodage, garde des enfants, courses administratives etc… et permettre à la maman de pouvoir un peu se détendre.
Le Mouvement Populaire des familles décide donc de créer un service d’Aide Familiale dans tous les quartiers Populaires où une section existe avec pour titre A.P.A.F. « Association Populaire de l’Aide Familiale ».
But :
- Répondre aux besoins des familles par une aide préventive. Pour cela former un Comité de Gestion au sein du Mouvement.
- Embaucher des jeunes filles ayant les qualités requises pour ce genre de travail.
Jean Aubry, Président du Mouvement
Agathe MILLOT et la première équipe se battent pour trouver l’argent nécessaire au fonctionnement de ce nouveau service.
Un appel est fait auprès de différentes Caisses :
- Caisse d’Allocation Familiale,
- Ville de Nancy,
- Quêtes,
- Kermesse,
- Tombola,
- Concert,
- Prêts.
Il fallait beaucoup d’imagination.
Quelques employées de maison et quelques militantes de la J.O.C.F. (Jeunesse Ouvrière Chrétienne, Filles) acceptent de se lancer dans l’aventure sans garantie de l’emploi et avec un salaire minimum et aléatoire.
Très vite, le service s’organise il met sur place un Conseil d’Administration composé :
- 1 tiers de militants du Mouvement Populaire des Familles ;
- 1 tiers familles usagères ;
- 1 tiers Aide Familiale,
qui doivent assurer la gestion du service.
La section locale du M.P.F. (mouvement populaire des familles) participe à sa création.
Une militante accepte la responsabilité sur le quartier en 1945.
C’est le démarrage avec une aide et quelques familles.
Conditions :
- Avoir 3 enfants en dessous de 12 ans.
Une des premières familles avait 10 enfants.
Dans une autre le Père était veuf avec 5 enfants.
Lucette allait un jour par semaine dans chaque famille.
La responsable faisait le lien entre la famille, l’Aide, le mouvement Familial et l’Administration.
Les Responsables de quartier de la ville se réunissaient régulièrement pour mettre en commun leurs difficultés et cherchaient ensemble comment améliorer le service.
Petit à petit le service s’est développé sur le quartier, si au démarrage nous répondions aux demandes des petites cités jardins, dès 1950 nous étions prêts à accueillir les nouvelles familles qui sont venues résider dans le quartier au fur et à mesure des constructions HLM, Cités d’Urgence, normes simplifiées, et recevoir les familles venant de St Sébastien.
Nous avons été présents partout.
En 1945, nous avons débuté avec une Aide et 6 familles.
En 1965, il y avait 6 Aides et 60 familles usagères par mois dans le quartier en tenant compte de quelques familles où nous allions dans les rues avoisinantes s’étendant jusque Villers et Vandœuvre.
Dès que le service s’est développé nous avons constaté que le raccommodage représentait un souci permanent pour les familles résultant du rationnement et de la guerre.
Il n’était pas question de jeter un vêtement usagé, aussi dès 1950, le Conseil d’Administration décidait l’achat de quelques machines à coudre portatives. C’est ainsi que chaque jour l’Aide Familiale se rendait à son travail en emportant la machine à coudre.
On ne dira jamais assez le travail social accompli par les Aides Familiales. Le quartier était en pleine expansion démographique. Toutes les familles avaient entre 4 et 10 enfants, le raccommodage et le repassage étaient très importants.
Quel soulagement pour la maman d’être libérée régulièrement de cette charge.
- bleu de travail
draps, fermeture éclair
trousseau pour les colonies de vacances etc…
Tous ces travaux accomplis par l’Aide Familiale soulageait moralement et physiquement la mère de famille et ont été des instruments de Paix ;
Si l’originalité du service a été de démarrer par l’aide préventif nous n’en sommes pas restés là, très vite les nombreuses naissances après la guerre ont posé des problèmes aux militants.
En 1948, le M.P.F. a fait des démarches auprès de la ville de Nancy afin d’obtenir une participation pour les mères ayant une naissance qui a apporté une réponse positive. La Ville accordait un Bon de 100 heures d’Aide Familiale pour chaque famille de Nancy à partir du 4ème enfant, avec une très petite participation financière de la famille.
A cette époque, la grande majorité des femmes accouchait à la maison. Dès qu’une naissance se produisait l’Aide était présente dans la famille jusque dans les cités d’urgence où Gisèle à aider à accoucher une maman de son 8ème enfant en attendant l’arrivée de la sage femme et à participer à 7 naissances. Ce qui a toujours permis à la famille garder son équilibre et d’éviter le placement d’enfants. Parallèlement aux naissances l’Association s’est développée en assurant les dépannages maladie et hospitalisation.
Je pense à Jacqueline jeune Aide sur le quartier qui s’est trouvée pour la première fois affronté à la mort d’une maman et qui a aidé à l’habiller.
C’est Lucette qu’on est allée chercher à 11 H du soir en janvier 1953 à la mort d’un père de famille qui était veuf, pour soutenir et aider les enfants désemparés.
C’est Gisèle présente à l’agonie d’une maman morte d’un cancer.
Ce sont Geneviève et d’autres collègues assurant un long dépannage dans une famille de 8 enfants, la maman en maison de repos, durant 6 mois les aides ont été présentes tous les jours de la semaine 10 h par jour. Là aussi il n’y a pas eu de placement d’enfants.
Qui n’a pas connu Juliette, Jeannette, Marie, Roberte etc…
Nous terminerons par la réflexion de Mme J., mère de 8 enfants qui disait « le mercredi quand Lucette vient c’est mon dimanche. »
Par leur formation les Aides participaient à la vie sociale de la famille, par exemple elles encourageaient les mamans qui accouchaient presque toutes à la maison à se présenter à la consultation des nourrissons au dispensaire ; emmenaient les enfants aux consultations médicales scolaires, piqures obligatoires, démarches administratives, sécurité sociale, caisse allocation familiale etc…
Le service s’intégrait et était partie prenante dans le Mouvement Familial dynamique du quartier à travers les responsables militantes du Mouvement dans un esprit d’équipe avec les Aides ce qui leur permettait de répondre aux différents problèmes des familles.
Dès 1954, quand l’association a mis au service des familles des machines à laver. Il n’y a plus eu de problèmes de lessive en cas de dépannage maladie ou maternité. La machine à laver était à la disposition de la famille.
Sur le plan des loisirs, nous avions constaté que très peu d’enfants partaient en vacances, c’était trop cher.
En 1955, l’abbé Thon, Vicaire à la paroisse, décide avec quelques laïcs de créer une colonie de vacances. C’est ainsi qu’au fil des années de nombreux enfants du quartier ont pu profiter des vacances.
Nous informons les familles, aidons à remplir les imprimés etc…
Une grande partie pouvait bénéficier des Bons de jeunesses et sport et des Bons de la Caisse d’Allocation Familiale, si bien que les tarifs étant très inférieurs aux colonies officielles il restait qu’une petite participation à la charge de la famille.
Un mois avant le départ des enfants, c’était le grand branle-bas du trousseau ; l’Aide Familiale y participait activement. Il en était de même pour d’autres activités de l’Association Familiale, Ruche de Clairlieu, Loisirs du Jeudi etc…
C’est à partir des constatations faites dans les familles et des problèmes qui se posaient à elles que fut mis sur pied un ramassage scolaire durant trois ans.
Si le service a pu prendre une telle ampleur dans le quartier, c’est parce qu’il était assuré d’une équipe de responsables de militantes du mouvement familial qui résidait au cœur du quartier.
Les familles s’adressaient directement chez elles à toute heure du jour et de la nuit. (Un soir a minuit Mr X, sonne chez une des responsables, pour prévenir que sa femme avait perdu les eaux, il allait chercher la sage femme, il fallait une Aide le même jour à 8 heures, c’était aux cités d’urgence et la 7ème naissance.
Les responsables du quartier recevaient les familles, remplissaient les papiers administratifs ; établissaient le programme de travail, encaissait chaque mois le montant de la participation de la famille. Tout se faisait en équipe avec les Aides, dans un esprit d’amitié.
Le service premier était toujours « le service de la famille »
Si le service a pu fonctionner avec efficacité sur le quartier au point de vue gestion il reposait sur un Conseil d’Administration composé de militants tenaces et d’une générosité totale qui ont lutté sans relâche auprès des pouvoirs publics pour que le service soit reconnu d’utilité public ; d’où démarche multiples auprès des différentes caisses, C.A.F , S.S., V.D.N., P.T.T., Conseil Général etc… pour pouvoir assurer financièrement la bonne marche du service et aujourd’hui en 1978 le combat continue et c’est de plus en plus dur.
Si durant 22 ans le service a pu être assuré par des responsables bénévoles, la gestion devenait de plus en plus lourde. Il fallait aussi dépasser la notion d’un quartier pour s’étendre à l’échelle d’une grande ville et de ses environs et répondre aux besoins d’une plus grande population.
Avec le progrès, les appareils ménagers, le souci de répondre au plus grand nombre, l’aide préventif s’est effacé petit à petit pour laisser la place de plus en plus à l’aide, dépannage, maladie, maternité.
Pour une meilleure efficacité l’Association s’est adjointe une collaboratrice salariée qui assure la Responsabilité du service sur Nancy. L’Aide Familiale est devenue la Travailleuse Familiale.
Sur le quartier se tient une permanence au Centre Social. La famille écrit ou téléphone au siège de l’Association.
C’est l’évolution normale d’un service social et familial qui a pris sa place dans la société mais qui a pris racine et a pu se développer grâce à des femmes et des hommes du milieu populaire, toujours prêts à répondre aux problèmes de leur temps.
Bonjour Thérèse,
Bien et fidèle ton texte, j’ajouterais en ce qui concerne les machines à laver qu’elles étaient sur des chariots, que trainait la T.F. ou la famille fonction des possibilités, c’était la première machine à laver fauché au gaz , l’essorage était un rouleau dans lequel on passait le linge puis rincé dans la baignoire Tout cela pour te dire qu’il fallait y croire !
Quant au salaire, il nus est arrivé en 1953 d’être payé en deux fois, dans l’attente des ressources des séances de cinéma le Pathé, 6 rue Léopold LALLEMENT , au dessus L’APAF de Nancy occupait une seule salle dans lequel il y avait un bureau, là se tenaient aussi les réunions, comme celle où on a choisi de rejoindre le MPF avec Colette TAISNE , et non le MPF
Voilà Thérèse
Bises
Juliette
Bonjour Thérèse, je précise vois comment tu peux faire ?
Bien et fidèle ton texte, j’ajouterais en ce qui concerne les machines à laver qu’elles étaient sur des chariots, que trainaient . La Travailleuse Familiale , ou la famille , fonction des possibilités. C’était la première machine à laver, elle chauffait l’eau au gaz , l’essorage se faisait avec un rouleau qui se trouvait sur le côté de la machine dans lequel on passait le linge sorti de l’eau, puis rincé dans la baignoire, ou ailleurs ! Tout cela pour te dire qu’il fallait y croire !
Quant au salaire, il nous est arrivé, en 1953 d’être payé en deux fois, dans l’attente des procurés par le « Cinéma Pathé » 6 rue Léopold LALLEMENT . A cette adresse au 2éme étage se trouvait le bureau de l’Association Populaire des Aides Familiales, (A.P.A.F.) Il y avait une seule salle avec un bureau, quelques tables et chaises qui servaient aux réunions. C’est là aussi que nous avons voté et décidé de rejoindre le Mouvement de Libération Ouvrière (M.L.O.) conduit avec Colette TAISNE , et non le Mouvement Populaire des Familles (M.P.F.)
Ces deux mouvement sont issus du Mouvement de Libération Populaire (M.L.P) dont beaucoup de membres venaient de La Jeunesse ouvrière Chrétienne (JOC) et Jeunesse Ouvrière Chrétienne Féminine (JOCF)
Voilà Thérèse
Bises
Juliette
Merci pour toutes ces precisions concernant cette epoque et oui, pour une rehabilitation a la memoire de ce quartier.
Bravo